Partage

Publié le par Poucette

 

Qu’il vive !

Ce pays n’est qu’un voeu de

l’esprit, un contre-sépulcre.


Dans mon pays, les tendres preuves du printemps et les

oiseaux mal habillés sont préférés aux buts lointains.

La vérité attend l’aurore à côté d’une bougie. Le verre de

fenêtre est négligé. Qu’importe à l’attentif.

Dans mon pays, on ne questionne pas un homme ému.

Il n’y a pas d’ombre maligne sur la barque chavirée.

Bonjour à peine, est inconnu dans mon pays.

On n’emprunte que ce qui peut se rendre augmenté.

Il y a des feuilles, beaucoup de feuilles sur les arbres de

mon pays. Les branches sont libres de n’avoir pas de fruits.

On ne croit pas à la bonne foi du vainqueur.

Dans mon pays, on remercie.


René Char,
La Sieste blanche,

in Les Matinaux, Gallimard, coll. « Poésie », 1969.

Publié dans Poésie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article